S’il est devenu presque normal de se réjouir – à juste titre – de la contribution primordiale des femmes dans des fonctions dirigeantes pour les entreprises, il est paradoxalement devenu choquant, voire outrant, de n’oser ne serait-ce qu’évoquer la vie privée de ces dernières. Comme si leur statut professionnel ne devait en aucun cas être lié de quelque façon que ce soit avec leur statut de mère et d’épouse. Or, envisager et comprendre ce qui apparaît être comme une multi-casquette portée par les femmes dirigeantes me semble être primordial dans un monde du travail de plus en plus équilibré. Sous l’étendard de plus en plus brandi de relations de travail « harmonieuses et équilibrées » comme salut à tous les maux des entreprises, il en va de l’évolution – oserai-je dire, de l’avenir – du monde corporate que de faire toute la transparence sur une situation trop souvent banalisée.
Dans l’exercice de ma pratique, ici décrite auprès des femmes dirigeantes, je suis quotidiennement confronté à la difficulté des femmes à associer leur fonction dirigeante à celle de leur vie privée. La femme, de par une définition des rôles « historique », semble ainsi confrontée à un critère identitaire. Attardons-nous tout d’abord sur ce que nous appellerons l’identité « plurale » de la femme, qui jongle en permanence entre son rôle de mère à celui de dirigeante d’entreprise. Ce va-et-vient identitaire, quasi schizophrénique, pose la question de la considération de la femme au niveau de ses performances, et non de son sexe. De plus en plus, corolairement au pourcentage toujours plus grand de femmes chefs d’entreprise, une tendance transversale semble se profiler. Au burn-out, très médiatisé au risque de tomber dans une banalité, j’aimerais aujourd’hui rajouter celui de la « double peine » subie principalement – mais pas exclusivement – par les femmes. Cette double peine est le mélange de deux éléments : la charge morale d’abord et celle professionnelle ensuite. Par charge morale, j’entends tout ce qui a trait aux tâches extraprofessionnelles des femmes dirigeantes, des enfants, à la vie de couple, aux impératifs liés à la bonne marche du ménage. De nombreuses questions émergent lors de mon travail avec les dirigeantes : « Comment arriver à tout combiner ? », « Comment performer sur tous les fronts » ou encore, révélateur de l’importance du phénomène : « Vais-je y arriver ? ».
Au cours de mes nombreux entretiens individuels, je peux affirmer sans crainte une différence cinglante entre la manière dont hommes et femmes envisagent le monde du travail. Ainsi, tandis que les femmes planifient, anticipent et apportent une vision globale, les hommes se profilent davantage dans une impulsion, une prise de décision rapide et une stratégie décidée sur la base de facteurs plutôt présents que futurs. A la double peine subie par de nombreuses femmes, s’ajoute, voire découle, un facteur tantôt de stress, tantôt moteur, dans la pratique quotidienne de leur métier.
Je ne prétends pas avoir les réponses à toutes ces questions et craintes, mais je reste persuadé qu’un accompagnement professionnel des femmes dirigeantes peut les aider à développer une confiance en elles et apporter des solutions concrètes à des moments clés de leur parcours professionnel. Par exemple, j’accorde beaucoup plus de temps à motiver davantage une dirigeante talentueuse qu’un cadre masculin lorsqu’il s’agit d’assumer de nouvelles taches, de prendre des décisions ou encore d’établir des objectifs réalisables. Je les aide à vivre et parfois casser les stéréotypes. Ainsi, une femme occupant une fonction de leadership se trouve trop souvent confrontée à deux types d’images : soit le «pas assez» – elle manque de courage, de combativité, elle est trop douce – soit le «trop» – trop autoritaire, trop dure, trop exigeante, trop dominatrice.
Chez Kalexy, nous élaborons quotidiennement des feuilles de route personnalisées aidant nos clients à développer une vision claire de leurs objectifs tout en étant conscience des différences. Qu’il s’agisse d’objectifs liés à la profitabilité de leur propre entreprise et à sa pérennisation, au développement du chiffre d’affaire ou encore d’une augmentation de la croissance, une grande partie de la réalisation et concrétisation d’un plan stratégique repose sur un processus de clarté. A ce titre, nous apportons un regard externe, dénué de jugement, sur la manière d’appréhender clairement les obstacles rencontrés.
Notre accompagnement s’attache autant aux faits lorsqu’il s’agit de définir clairement les buts à atteindre, que de la manière dont les atteindre. Nous aidons ainsi les femmes dirigeantes à acquérir un savoir-faire, clarifier leurs objectifs et mettre en place des actions concrètes afin qu’elles prennent ou reprennent confiance en elles.
Il ne fait aucun doute que le monde professionnel est vécu, parfois dans la douleur, différemment selon que l’on est un homme ou une femme, découlant du fait que les idées sur des rôles établis – ceux d’épouse, de mère, de cadre – sont ancrés.
Les clichés ont encore de beaux jours devant eux mais rien ne nous empêche ensemble de les malmener, de les bousculer, afin de repenser les équilibres professionnels.
Alexandre Olive